Le fonds photographique

La résidence à Montbéliard de Jean-Paul Goux, construite autour d’un projet d’écriture, a néanmoins très vite rencontré la question des images. Dans le projet d’édition, il était initialement prévu de joindre en annexe un « Dossier photographique » qui, pour des problèmes de coût, sera finalement abandonné, mais qui a laissé différentes traces.

Dans le « Journal » qui ouvre les Mémoires de l’Enclave, le narrateur écrit : « J’ai repris ces jours derniers mes expéditions photographiques : j’accumule par centaines les photos d’usines abandonnées, de maisons, de cités, de pierres tombales, de plaques émaillées, de potagers et de rues. » De fait, Jean-Paul Goux a accumulé tout un ensemble de photographies personnelles, en noir-et-blanc ou en couleurs, parfois prises directement depuis une voiture. Elles avaient vocation à servir de traces ou de mémoires de ces différents parcours plus que d’objets artistiques. Les pochettes détaillent précisément les lieux photographiés. Cependant, au-delà de la réussite esthétique de certaines, elles témoignent aujourd’hui de l’état des différents lieux visités en 1985-1986, alors que la crise économique de l’époque entraînait une douloureuse reconversion industrielle et l’abandon de nombreux sites.

En vue du carnet photographique, Jean-Paul Goux a récupéré, auprès des archives Peugeot, un tirage d’une vingtaine de photographies anciennes noir et blanc en grand format. C’est parmi elles qu’il a trouvé la photographie qui servira de couverture pour les deux éditions.

Par l’intermédiaire de l’association La Cité, Jean-Paul Goux a fait la connaissance, pendant sa résidence, d’un jeune ouvrier de Peugeot, passionné par la photographie : Gilles Choffé. La Cité possédait de fait du matériel photographique et un laboratoire permettant de développer les photographies qui étaient mis à la disposition du personnel de Peugeot. A partir de décembre 1984, Jean-Paul Goux a ainsi emmené Gilles Choffé dans ses déplacements afin qu’il prenne de nombreuses photos de sites et de paysages. Jusqu’en juin 1985, il lui passera également différentes commandes. Au total, près de 300 photographies seront réalisées, captées avec du matériel professionnel ancien, en noir et blanc, le plus souvent sur un format 6x9 assurant des tirages et des agrandissements de très grande qualité.

Atelier de Pompes Japy, Fesches-le-Châtel, photographié par Gilles Choffé le 21 mai 1985

Atelier de Pompes Japy, Fesches-le-Châtel, photographié par Gilles Choffé le 21 mai 1985 © Fonds Goux

Outre le cahier photographique prévu, un projet d’exposition est également envisagé : en septembre 1985, Jean-Paul Goux envoie ainsi à Gilles Choffé un ensemble d’extraits de l’ouvrage qui pourraient servir à ponctuer littérairement l’exposition. Cependant, alors que Jean-Paul Goux a quitté Montbéliard pour rejoindre bientôt la Villa Médicis à Rome, le projet ne se réalise pas. Quelques-unes des photos réalisées seront néanmoins exposées lorsque Jean-Paul Goux viendra célébrer la sortie de son livre à Montbéliard, les 26 et 27 avril 1986, ou publiées dans L'Est Républicain lorsque François Moulin a consacré une série d'articles à la publication.

Ce fonds est enfin exploité grâce à ce webdocumentaire, en particulier dans la partie "Mémoires ouvrières" qui présente environ 80% des photographies réalisées.

Lorsque l’ouvrage de Jean-Paul Goux sera officiellement présenté à l'ensemble des personnes et des institutions qui ont favorisé son écriture, le vendredi 25 avril 1986, Gilles Choffé sera encore présent pour réaliser tout un ensemble de portraits des participants.

Dans le cadre des contributions artistiques du colloque national sur le tourisme industriel (14 et 15 novembre 1985) organisé par l'Association Comtoise des Arts et Traditions Populaires et coproduit par le Centre d'Art Contemporain de Montbéliard, Jean-Paul Goux et le photographe Werner Hannappel, né en 1949, avaient été sollicités. Le photographe avait ainsi réalisé une série « Les sites industriels du Nord Franche-Comté ». De son côté, Jean-Paul Goux achevait alors l’écriture de Mémoires de l’Enclave. Une brochure, contenant deux textes de Jean-Paul Goux et 24 photographies de Werner Hannappel a été éditée à cette occasion.