Biographie

Jean-Paul Goux, écrivain du Temps

Présentation de l'auteur

Découvrez ici une présentation de Jean-Paul Goux, écrivain contemporain majeur et exigeant. Si Mémoires de l’Enclave semble être une réalisation marginale dans son parcours, l'ouvrage est traversé par deux enjeux fondamentaux dans l’ensemble de son œuvre : la présence des voix et la question du temps

Jean-Paul Goux photographié à son bureau le 3 mars 1985 lors de sa résidence à Montbéliard. Photographie de Gilles Choffé
Jean-Paul Goux photographié à son bureau le 3 mars 1985 lors de sa résidence à Montbéliard. Photographie de Gilles Choffé

Qui est Jean-Paul Goux ?

Né à Vesoul en 1948, Goux a longtemps vécu à Paris. Agrégé de lettres, il a enseigné dans le secondaire puis en tant que maître de conférences à l’université de Tours. Il habite aujourd’hui à Besançon.

Jean-Paul Goux en 2011
Jean-Paul Goux en 2011

Jean-Paul Goux en 2011

Son premier livre, Le Montreur d’ombres, est paru en 1977. En 2022, il a publié Tableaux d'hiver qui succède à Sourdes contrées. En 2016, il a obtenu le prix Marcel Aymé pour son précédent roman, L’Ombre s’allonge. Son œuvre est avant tout romanesque avec, en amont des Mémoires de l’Enclave, quatre romans, et après cet ouvrage, deux trilogies : Les Champs de fouilles (1989, 1995, 1999) et Les Quartiers d’hiver (2005, 2009, 2012).

Jean-Paul Goux en 2008
Jean-Paul Goux en 2008

Jean-Paul Goux en 2008

Il est aussi l’auteur de plusieurs essais consacrés à ses « intercesseurs » en littérature, comme Gracq, et à l’esthétique de la prose, ainsi que d’articles universitaires.

Membre du Parti Communiste de 1972 à 1978, il a été lié à deux revues littéraires, Digraphe et Le Nouveau Recueil. Deux de ses livres sont consacrés au monde du travail en Franche‑Comté sans que le propos soit pour autant régionaliste : les Mémoires de l’Enclave (1986) et Les Lampes de Ronchamp (2001).

L’« Art du temps », principe d’unité

À la presse qui l’interroge à son arrivée à Montbéliard, il déclare : « tous mes romans […] brassent des éléments tels que l’histoire, le temps et la mémoire » et ajoute : « je veux mélanger les temps et les histoires pour rendre sensible la multiplicité des voix » (L'Est Républicain, 7 avril 1984).

 Plaquette accompagnant la 1re édition des Mémoires
Plaquette accompagnant la 1re édition des Mémoires

Plaquette accompagnant la 1re édition des Mémoires, GOU 04 B 08 0010

Si le sous‑titre de Mémoires de l’Enclave n’est pas « roman » mais « récits d’industrie », le livre, « une sorte de récit d’enquête aux points de vue très divers » (Plaquette accompagnant la 1re édition, 1986) est, selon son auteur, « largement porté […], autant que par l’intérêt pour la classe ouvrière au moment où tout paraît la chasser de l’Histoire, par une fascination pour la voix » (La Voix sans repos, 2003). Ainsi le temps et la voix définissent une unité littéraire qui traverse l’ensemble de son œuvre et qu’explicite sa conception du roman. Le roman ne se définit pas, selon Goux, par l’intrigue mais par la prose et son réseau de liaisons (travail de la langue et de la syntaxe, orchestration des voix) qui fabriquent du « continu ». Surtout, « le romancier a affaire au temps […]. Il y a le temps de l’œuvre à faire, imprévisible, immaîtrisable […]. Et puis il y a le temps dans l’œuvre. Et là, le romancier œuvre tout à la fois dans le temps (en fabriquant une expérience temporelle de la durée), […] contre le temps (en luttant contre son irréversibilité), et […] avec le temps (en fabriquant du mouvement, une tension vers l’avant) » (remue.net, juillet 2005).

Article des Nouvelles Littéraires, juin 1986
Article des Nouvelles Littéraires, juin 1986

Article des Nouvelles Littéraires, juin 1986, Gou 04 D 02 008

En résidence à la Villa Médicis, en juin 1986, il revient sur l’expérience d’écriture des Mémoires pour Les Nouvelles Littéraires : « Au départ, j’avais envie de faire un roman véritable […]. Petit à petit je me suis acheminé vers l’idée que ce livre pouvait être un ensemble très composite fait de l’exhibition de discours d’origines diverses et que mon projet de faire […] un roman, je pouvais le soutenir en donnant la parole à des personnages qui, chacun, mettent en scène l’histoire de la région ».

En mars 2017, dans une conférence à Besançon, l’écrivain dit encore : « Il y a peu de choses qui me soient plus proches, plus sensibles, que ce qui touche à la disparition, à la ruine […] et à la conservation, à la mémoire de ce qui disparaît […]. La pente de mon imaginaire est versée du côté de la trace, de l’archéologie, de la fouille […] parce que ‘‘le temps’’ est par excellence pour moi la chose essentielle dans l’ordre littéraire ».

Écrit par Andrée Chauvin et Julie Soulès

Droits photographiques : Fonds Archives Goux

Suggestions

image du chapitre 1

CHAPITRE 1

Une commande de la cité

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CHAPITRE 2

Du côté de l'Enclave

image du chapitre 3

CHAPITRE 3

Discours du Maître, traces des luttes