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Née le 18 juillet 1902 en
Russie, Nathalie Sarraute appartient à une famille d'intellectuels.
Son père est docteur es sciences. Elle est française.
Licenciée d'anglais à
la Sorbonne, elle part étudier l'histoire à Oxford
en 1921, puis entreprend des études de lettres et de sociologie
à Berlin. De retour à Paris, elle s'inscrit à
la faculté de droit où elle rencontre Raymond Sarraute
qu'elle épousera deux ans plus tard. Devenus tous deux
avocats, ils partagent un même goût pour la littérature
et les arts plastiques.
Encouragée et soutenue par
son mari, Nathalie Sarraute renoue avec ses rêves d'enfance
et d'adolescence et écrit entre 1932 et 1937, Tropismes,
qui contient en germe l'essentiel de son ouvre. Le livre paraît
en 1939.
La guerre, l'occupation, obligent
Nathalie Sarraute à se réfugier à la campagne,
prendre une fausse identité et se faire passer pour l'institutrice
de ses propres enfants. C'est là qu'elle commence la rédaction
de son premier chef-d'uvre, Portrait d'un inconnu
(1948), où elle affirme sa poétique et sa vision,
non tant des hommes et des choses, que de leurs relations. malgré
une préface de Sartre, le livre devra attendre deux ans
et essuyer plusieurs refus avant de voir le jour, pour finalement
passer inaperçu.
Soutenue par l'admiration de ceux
qu'elle estime, elle poursuit son uvre : Martereau
(1953), l'Ere de soupçon (1956), essai dans lequel
elle formule sa critique de la littérature conventionnelle,
sa conception du personnage et de l'intrigue, et expose le sens
et la vocation qu'elle attribue à l'écriture. En
1959, Le Planétarium consacre sa situation littéraire.
En 1964, Les Fruits d'Or (1963) sont couronnés par
le Prix International de Littérature. L'uvre se développe
: Entre la vie et la mort (1968), Vous les entendez
? (1972), Disent les imbéciles (1976), L'usage
de la parole (1980), Enfance (1983). Des pièces
radiodiffusées sont ensuite portées à la
scène : Le silence (1967), Le mensonge (1967),
isma (1973), C'est beau (1975), Elle est là
(1978), Pour un oui ou pour un non (1982). Elle écrit
Tu ne t'aimes pas en 1989.
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L'uvre de Nathalie Sarraute
a connu un destin paradoxal. Aiguë, aventureuse, originale,
et en conséquence difficile, cette oeuvre est aussi l'une
des mieux connues et aimées de notre littérature,
puisqu'elle circule dans le monde en vingt-deux langues et plus
d'un million d'exemplaires.
Car la critique de Nathalie Sarraute
est beaucoup plus radicale qu'il n'y paraît, et sa vision
prend sa source dans une conception neuve qui englobe le psychisme
humain. A travers le personnage du roman classique, c'est une
conception de l'homme avec son caractère et ses valeurs
institutionnalisées qu'elle entend attaquer ; à
travers l'intrigue romanesque, une conception de la vie et du
destin ; à travers la rhétorique, une forme de la
communication entre les hommes qui fait l'économie de la
vérité.
Chez Nathalie Sarraute, le personnage
disparaît au profit de la reproduction de ses mouvements
psychologiques et préconscients dans un monologue intérieur
: c'est le procédé de " sous conversation ".
On pourrait dire de Sarraute qu'elle peint l'humanité avant
qu'elle ne se diversifie et ne se constitue en hommes. C'est pourquoi
le temps des récits et des romans de cet écrivain
est souvent le présent, l'instant même ou plutôt
ce qui le précède et va le constituer.

La plupart des uvres de Nathalie
Sarraute ont été reprises en Livre de poche,
ou en 10/18, jusqu'en 1972, puis dans la collection Folio
, chez Gallimard. Ses uvres complètes viennent de
paraître dans la Bibliothèque de la Pléiade
sous la direction de Jean-Yves Tadié.
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