Fonds Dominique Bagouet - Carnets Bagouet

Biographie Les Carnets Bagouet

Un important historique déclinant les missions que les Carnets Bagouet se sont données en 1993, en 2003 et en 2009, la liste des membres de l'association ainsi qu'une liste des transmissions réalisées par Les Carnets Bagouet depuis 1993 est consultable sur le site très informé des Carnets Bagouet : http://www.lescarnetsbagouet.org

Nous publions ici deux textes de présentation générale de l'association des Carnets Bagouet.

L'association « les carnets bagouet » fut créée peu après le décès de Dominique Bagouet, survenu le 9 décembre 1992.

Le chorégraphe dirigeait depuis 12 ans le centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon. Sa disparition prématurée a généré le désir de la part des danseurs de la compagnie d'assumer la responsabilité de l'héritage laissé par le chorégraphe.

Réfléchir aux moyens à développer pour diffuser de façon vivante et fidèle l'oeuvre de Dominique Bagouet, sa pédagogie, son style, et songer à la pérennisation de sa démarche.

En faire dans son ensemble un patrimoine actif en poursuivant la diffusion de ses oeuvres tant au niveau de la réalisation de spectacles que de celui de la formation de futurs danseurs.

Contribuer, dans le cadre d'une réflexion collective, à organiser une pensée sur la notion de patrimoine chorégraphique, se servant des expériences de chacun, interprètes de Dominique Bagouet et danseurs contemporains d'une manière générale, devenus « passeurs » selon le mot de Laurence Louppe.

Les membres du conseil artistique des carnets bagouet ne souhaitent cependant pas conserver le répertoire chorégraphique au sens traditionnel du terme mais plutôt transmettre cet « état d'esprit », cette « pensée en mouvement », ces traces  laissées en eux par la danse de Dominique Bagouet aux acteurs actuels de la danse contemporaine, partout où le désir s'en fera ressentir.

Plusieurs reprises ont eu lieu depuis 1993, par des compagnies de danse françaises et étrangères et par des étudiants en centres de formation. Intégrales ou extraits, spectacles ou simples ateliers, tous ont permis aux danseurs qui en assuraient la transmission d'affiner leur démarche d'une part et d'apercevoir plus concrètement les réels enjeux de ce travail, ses difficultés, sans perdre la mémoire des mots du chorégraphe souvent dits à ses interprètes : « sois tranquille avec toi même ».

Les carnets bagouet, un collectif à l'œuvre

« Il faut être conscient qu'on transmet une forme qui n'est pas qu'une forme. Le geste n'a pas tant d'importance en tant que tel, mais il est aussi fonction de la personnalité du danseur. Il faut pouvoir partager avec le danseur-interprète un vrai travail de création »1. La disparition de Dominique Bagouet a posé avec brutalité le problème de la préservation et de la transmission d'un patrimoine chorégraphique. En 1993, la structure « Carnets Bagouet » est créée pour coordonner et réaliser toutes les initiatives à imaginer à partir de cette œuvre. L'association Les Carnets Bagouet est ainsi fondée sur :

une certitude : l'intime conviction d'être dépositaire de quelque chose « qui vit en nous » ; une évidence : l'importance de cet héritage et l'importance des traces matérielles ; une nécessité : transmettre.

« Ce n'est pourtant pas dans la quantité d'événements accomplis que se lit le caractère unique et précieux de ce travail. Mais bien plutôt dans l'élargissement du temps de travail, la disponibilité, l'appel à la mémoire individuelle et collective qui caractérise, chaque fois, la transmission de la danse par l'un et l'autre des membres des Carnets Bagouet. Ils savent qu'il ne s'agit pas simplement de restituer l'infinie complexité des pièces, la finesse de l'écoute musicale, la géographie très détaillée des parcours chorégraphiques, la troublante singularité des personnages sans modèle - si ce n'est la part irréductible des danseurs, hommes et femmes, qui les mirent à jour. Pour l'avoir vécu auprès de Dominique Bagouet, ils savent que l'interprète n'a pas à restituer une histoire, mais à pénétrer une matière de son propre imaginaire. Le plus grand danger, toujours, est de réduire la danse à sa forme, de la confiner à la virtuosité ou à l'esthétique. De ne pas l'habiter ». Christine Rodès, lors de la reprise de So Schnell à l'Opéra de Paris, en 1998.

L'action des Carnets s'est soumise au fonctionnement collectif du « conseil artistique », dans le partage et le débat : accepter la diversité des avis, laisser s'exprimer la parole contradictoire, les remises en cause. Même, plus que cela, accepter que la contradiction ne soit pas résolue dans la parole.

L'originalité des Carnets Bagouet est dans ce choix méthodologique du collectif, autant que dans la réflexion en acte, la discussion critique et cette interrogation sur le rapport à l'œuvre qui émerge de ces douze années.

Aujourd'hui, apparaît une réalité bien différente de celle qui était posée à l'origine. Au travers de permanences et de fidélités, se dessine une redéfinition des objectifs et des enjeux. La multiplicité des réponses, des manières de faire, des supports, des formulations, fait qu'au lieu d'apparaître limité, le travail de mémoire s'ouvre. Au nombre prévisible et relativement clos de tâches se substitue le travail d'une ouverture vers de nouveaux projets. L'objectif de conserver vivante la danse de Dominique Bagouet s'est dissout. La trace est vivante dans les danseurs, pour un temps. Nous savons que la danse de Dominique n'est plus. Advient alors une nécessité nouvelle, celle de l'ouverture à d'autres regards, à d'autres pensées, celle de la confrontation à d'autres disciplines, à d'autres modes de réflexion, à d'autres modes d'action, à des personnes qui n'ont pas connu elles-mêmes Dominique Bagouet. C'est grâce à la multiplicité des sources, des traces, des volontés, des regards que le travail des Carnets Bagouet peut s'accomplir.