La cartographie propose le recensement des projets en humanités numériques sur des corpus d’auteurs. La carte permet de situer l’ensemble des institutions qui traitent numériquement des archives, de préciser les fonds étudiés, les types d’archives et les apports du numérique. […]
La recrudescence des projets en humanités numériques et le renouvellement des études génétiques sur les archives d’auteurs que permet le numérique ont rendu complexe la visibilité de l’ensemble de ces projets. Cette cartographie est née du constat d’un manque : le manque d’un répertoire des différents projets menés sur des corpus d’auteurs. Les informations utiles à la communauté étaient de plusieurs ordres : quel auteur, quel type de document, quel type de traitement, quelle plateforme utilisée, quelle plus-value le numérique apporte-t-il… ? Depuis une décennie, le nombre de projets en humanités numériques se multiplie. Les chercheurs qui élaborent de semblables projets se retrouvent confrontés bien souvent au même constat : la certitude que des recherches similaires ou complémentaires existent mais sans y avoir accès et surtout sans savoir où les chercher. Une connaissance approximative des projets ne suffit pas à construire une réelle collaboration et surtout à bénéficier de l’apport des recherches des autres chercheurs. Or, des questions scientifiques se recoupent d’un projet à un autre. Cependant, chaque équipe cherche une réponse par elle-même pour son corpus particulier
L’idée de recenser ces différentes informations est née d’un besoin scientifique et de la volonté de ne pas réinventer ce que d’autres avaient déjà pensé et de s’inscrire dans une communauté de chercheurs propice à la discussion et aux échanges. Les outils sont multiples, les savoir-faire variés.
La cartographie a été élaborée et discutée par quatre personnes : Thomas Dandin (archiviste), Marianne Froye (MCF), Sébastien Jacquot (Ingénieur) et Pascal Lécroart (Professeur des universités). Le regard et les motivations de chacun étaient différentes et complémentaires.
Le projet est financé pour un an et les étapes qui avaient été envisagées initialement étaient les suivantes :
Plusieurs facteurs ont changé la méthodologie initialement prévue : l’épidémie de la Covid a empêché les déplacements et le recensement des projets a été plus long que prévu. Les noms des projets ne portent pas toujours explicitement le nom de l’auteur étudié. Pour ne manquer aucun projet, nous avons donc décidé de procéder à partir des auteurs susceptibles d’être l’objet d’un projet. Nous avons donc dressé la liste de tous les auteurs français actifs entre 1850 et 1950. Ces dates n’étaient pas choisies au hasard : la borne initiale était justifiée par l’histoire des archives. L’attention accordée aux brouillons et la notion de droit d’auteur naissent à cette époque. La borne finale est pragmatique : un auteur né dans les années 50 est , selon de grandes probabilités encore en vie et n’a donc pas encore légué ses archives. Les quelque 2100 noms ont montré la limite humaine de pouvoir tous les vérifier dans le temps imparti. Nous avons donc choisi de croiser plusieurs approches :
La première base de notre recherche a été les projets membres du consortium Cahier de la TGIR Huma-Num.
Le croisement des deux entrées a permis de gagner en efficacité et de nous rendre compte que bon nombre de projets proposent les vues numérisées des manuscrits de l’auteur étudié. Il a permis également de nous interroger sur les données que nous voulions donner à lire et à voir aux potentiels visiteurs du site internet. Les noms d’auteurs et les siècles étaient des entrées évidentes, mais comment décrire les métadonnées ?
Nous souhaitions informer la communauté des types d’archives qui avaient été utilisées et étudiées et de la nature du projet numérique. Il fallait donc opter pour la meilleure terminologie pour décrire une réalité très diverse. Les champs « types d’archives » et « traitements numériques » ont donc été choisis pour rendre compte de la nature des projets.
Une fois les données confirmées, la visualisation et son ergonomie ont été discutées. Les filtres d’affichage ont été décidés rapidement, fallait-il définir les points suivants : les filtres étaient-ils exclusifs ? dans quel ordre les mettre ? comment déterminer les coordonnées des points représentant les projets ?...
Nous avons souhaité la navigation la plus fluide possible et la moins encombrée en première intention. La carte d’accueil propose l’ensemble des points avec un affichage par auteur par défaut. Les roll-over permettent de visualiser les informations au gré des choix de l’utilisateur. À cette étape du projet, il n’a pas encore été possible de prendre contact avec toutes les personnes porteuses des projets. Seules les informations que nous avions vérifiées sont reportées : le nom du laboratoire, le nom de l’institution et des partenaires. Les coordonnées GPS renvoient à la ville où se situe l’institution porteuse du projet, puis aux coordonnées du laboratoire ou de l’institution.
Le projet se poursuit au-delà de son année de financement. Il s’agira de prendre contact avec les personnes responsables du projet pour affiner les informations que nous mettons à disposition de la communauté. Nous souhaitons également recenser les caractéristiques et choix techniques opérés par les collègues dans les projets. Nous souhaiterions initier une veille technologique pour réfléchir à l’exploitation des données et métadonnées numériques récoltées à partir des archives d’auteurs. Les plateformes utilisées seront également une donnée essentielle qui nous permettra d’avancer sur la conception de nos propres projets.
L’éventualité de compléter les filtres d’affichage par un moteur sera étudiée. Nous souhaiterions croiser nos données avec celles du travail mené par Juliette Pinçon lors de son mémoire de fin d’année à l’ENSSIB. Elle a inventorié et localisé les lieux où les archives d’auteurs étaient déposées. Nous aboutirions ainsi à dispenser une information complète sur l’état de l’art des archives et des projets sur des archives en France. La recherche en génétique textuelle s’en trouverait grandement enrichie.
Ce projet a été permis grâce au soutien de l’Université de Franche-Comté et l’appel à projet « Chrysalide »